« Le peuple mozambicain est aujourd’hui confronté à une triple crise humanitaire avec des menaces persistantes dues au changement climatique, à la pandémie COVID-19 et au conflit armé. »
Le Mozambique est en proie à ce que Peter Maurer, président du Comité International de la Croix Rouge, appelle une « triple crise humanitaire ». Il l’affirme, « le peuple mozambicain est aujourd’hui confronté à une triple crise humanitaire avec des menaces persistantes dues au changement climatique, à la pandémie COVID-19 et au conflit armé ».
Depuis 2017, la province du Cabo Delgado est le théâtre de violents affrontements qui ont obligé plus de 500 000 personnes, depuis 2019, à s’enfuir vers des zones urbaines, exerçant ainsi une pression supplémentaire sur leurs infrastructures.
Mgr Luiz Fernando Lisboa était évêque de Pemba, une des régions d’accueil de ces réfugiés. Il témoigne de la “souffrance” de la population face à cette « guerre de matrice terroriste ».
« Le surpeuplement et l’énorme concentration de personnes dans certaines zones ont favorisé l’ultérieur déplacement de milliers de personnes en direction des trois provinces de Nampula, Niasa et Zambezia, élargissant la zone de criticité. »
Il explique que « toute la province de Cabo Delgado est une zone de guerre et elle est habitée par quelque 2,34 millions de personnes ». Et il poursuit en affirmant, « nous avons du mal à entrevoir la fin du conflit ».
Et pour cause, sans interlocuteur, les autorités ne peuvent pas lancer de négociations, selon lui.
« Il n’existe personne avec qui négocier parce que les terroristes n’ont pas un visage, n’ont pas exprimé le nom d’un représentant. »
Tout ceci dans un contexte climatique complexe, puisque le Cabo Delgado a été frappé par plusieurs cyclones, et notamment Idai et Kenneth.
« Les deux événements ont laissé sur leur passage destruction et pertes en vies humaines. A la fin de l’an dernier et au début de cette année par ailleurs, la région centrale du pays a été touchée par deux nouveaux cyclones. La région de Cabo Delgado est en pleine saison des pluies et la situation aggravera sûrement les conditions des nombreuses personnes qui vivent sous la tente, dans des camps ou des logements de fortune. »
C’est dans ce contexte que l’église agit auprès des populations. Il l’affirme, « l’Église a toujours été et sera toujours à la totale disposition du dialogue et elle s’offre de manière permanente en tant que médiatrice fiable ».
« Nous avons rempli notre devoir consistant à parler, à dénoncer la guerre dès son début, une position qui n’a pas plus à de nombreuses personnes, dont des représentants du gouvernement. L’Église a activé, au travers de la Caritas, la distribution d’aides humanitaires. Récemment, elle a constitué une équipe de quelques 70 personnes fournissant un service de soutien psychosocial en rencontrant les personnes et leur permettant de raconter leur histoire, leurs traumatismes, leurs drames et de parvenir, avec leur aide, à relever la tête et à recommencer. »
M.C.